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Gestion des saignements induits par les AOD

Gestion des saignements induits par les AOD

Anticoagulants oraux directs (AOD) Les AOD jouent un rôle crucial dans la prise en charge des pathologies thromboemboliques, offrant une pharmacocinétique prévisible et moins de restrictions alimentaires que les antagonistes de la vitamine K. Cependant, les complications hémorragiques restent le risque le plus important. Une revue de 2025 réalisée par von Heymann et al. met en lumière les dernières approches fondées sur des données probantes pour le diagnostic et la prise en charge des saignements induits par les AOD, notamment dans les situations d'urgence et mettant en jeu le pronostic vital.

Comprendre les AOD et les risques hémorragiques associés

Les AOD se divisent en deux catégories :

  • Inhibiteurs de la thrombine: Dabigatran
  • Inhibiteurs du facteur Xa (FXa): Apixaban, Rivaroxaban, Edoxaban
Préoccupations majeures :
  • Saignement potentiellement mortel (par exemple, hémorragie intracérébrale)
  • Défis liés à la surveillance de l'activité anticoagulante
  • Données d'essais cliniques limitées soutenant l'utilisation d'antidotes
Surveillance en laboratoire : ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas

Des tests de coagulation de routine comme TP, TCA et temps de thrombine n'offrent que des données qualitatives et peuvent manquer des niveaux plasmatiques significatifs d'AOD.

Outils de diagnostic préférés :
  • Dosages anti-FXa calibrés: Le plus fiable pour les inhibiteurs du FXa
  • Temps de thrombine diluée (dTT) et Temps de coagulation de l'écarine (ECT):Efficace pour le dabigatran
  • Bandelettes réactives pour AOD: Utile pour une exclusion rapide en cas d'urgence

ClotPro® et tests viscoélastiques:Montrer des promesses, mais avoir besoin de validation

Stratégies d'inversion : antidotes vs agents non spécifiques
Principaux antidotes :
  • Idarucizumab:Pour l'inversion du dabigatran
  • Andexanet alfa:Pour l'inversion de l'inhibiteur du FXa
Agents non spécifiques :
  • Concentré de complexe prothrombique (PCC)
  • PCC activé (aPCC)
  • Facteur VIIa recombinant (rFVIIa) – moins préféré en raison d’une efficacité inégale
Étape par étape : prise en charge de l'hémorragie intracérébrale (HIC) associée aux AOD
  1. Confirmer le diagnostic et le moment de la dernière dose d'AOD
  2. Déterminer le type d'AOD:

    • Dabigatran → administrer de l'idarucizumab
    • Inhibiteurs du FXa → envisager l'andexanet alfa ou le PCC
  3. Surveiller l'expansion de l'hématome
  4. Équilibrer le risque thrombotique lors de l’utilisation d’agents d’inversion
  5. Envisager une consultation neurochirurgicale en cas de détérioration
Seuils d’inversion : quels niveaux plasmatiques justifient une intervention ?
  • < 30 ng/mL : généralement sans danger pour la chirurgie
  • 30–50 ng/mL : zone grise
  • 50 ng/mL : envisager une inversion, surtout en cas de saignement ou d'intervention urgente à haut risque

Aucune preuve solide issue d’un essai contrôlé randomisé (ECR) ne soutient ces seuils, mais ils sont largement référencés dans les lignes directrices.

Saignements sévères sous inhibiteurs du FXa : quelle est la meilleure option ?
  • Andexanet alfa:Il a été démontré qu'il réduisait l'expansion de l'hématome et améliorait l'hémostase dans les essais (par exemple, ANNEXE A-I)
  • PCC:Plus accessible ; résultats similaires dans de nombreuses études
  • aPCC et rFVIIa:Alternative lorsque d'autres agents ne sont pas disponibles ; risque thrombotique plus élevé
Comparaison clé (essai ANNEXA-I) :
  • Efficacité hémostatique : 67 % (andexanet) vs 53 % (PCC)
  • Mortalité à 30 jours : similaire
  • Événements thrombotiques : plus élevés dans le groupe andexanet (10.3 %)
Prise en charge des saignements majeurs liés au dabigatran
Première intention : Idarucizumab (5 g IV)
  • Arrête le saignement en 2.5 heures chez 68 % des patients
  • Succès de l'inversion dans plus de 90 % des cas selon les marqueurs de coagulation
  • Mortalité à 30 jours : ~13.5 %
  • Limites : études non randomisées, certains niveaux d'anticoagulants rebondissent
Alternative : PCC ou aPCC
  • Réservé aux situations où l'idarucizumab n'est pas disponible
Gestion d'un surdosage d'AOD sans saignement
Non systématiquement inversé, sauf en cas de risque hémorragique élevé.
Mesures de soutien:
  • Charbon actif (ingestion précoce)
  • Hémodialyse (pour le dabigatran)
  • Diurèse ou hémadsorption (pour les inhibiteurs du FXa)
Gestion pré-procédurale : quand le temps est compté
Pour les procédures urgentes :
  • Le dabigatran:Utiliser l'idarucizumab avant une anesthésie neuraxiale ou une thrombectomie
  • Inhibiteurs du FXa:Pas de consensus clair ; jugement clinique requis

NOTE: Une stratégie d’attente peut être appropriée si les niveaux d’AOD sont < 50 ng/mL.

Conclusion

La prise en charge des saignements induits par les AOD évolue. Si des antidotes spécifiques comme l'idarucizumab et l'andexanet alfa offrent une inversion ciblée, leur supériorité par rapport aux CCP reste remise en question, notamment dans l'hémorragie intracrânienne. La surveillance biologique, les seuils basés sur les recommandations et l'évaluation individualisée des patients restent essentiels à une prise en charge sûre et efficace.

Cas de la semaine avec Assistante d'anesthésie

Quelle stratégie d’inversion choisir pour un patient sous AOD présentant un saignement sévère ?