
Troubles liés à la consommation de substances psychoactives dans les unités de soins intensifs : un défi croissant
Les troubles liés à la consommation de substances (TUC) ne sont plus seulement un problème de service d’urgence : ils constituent une crise croissante dans les unités de soins intensifs. Près d'une admission aux soins intensifs sur quatre impliquent désormais des complications liées au SUD, entraînant des séjours plus longs, des résultats moins bons et une utilisation accrue des ressources. revue narrative par Piland et al. (A&A, 2025) met en évidence l’impact des troubles liés à l’usage de substances sur les patients gravement malades et fournit des stratégies de gestion essentielles.
Pourquoi ce sujet est important
La prévalence du SUD a doublé au cours de la dernière décennie, affectant plus de 48 millions d'Américains. Ces patients nécessitent souvent des interventions intensives telles que ventilation mécanique, sédation à haute dose et séjours prolongés en unité de soins intensifsSans une gestion adéquate, les syndromes de sevrage, les difficultés de contrôle de la douleur et les interactions médicamenteuses peuvent aggraver les résultats.
Comment les auteurs ont mené l'étude
Ce examen narratif compile les données de plusieurs études sur la prévalence, les stratégies de gestion et les résultats des patients atteints de troubles liés à l'usage de substances admis aux soins intensifs. L'analyse catégorise les substances clés, notamment alcool, opioïdes, cannabis, nicotine et stimulants—et décrit les approches thérapeutiques fondées sur des données probantes.
Ce que les auteurs ont découvert
1. Trouble lié à la consommation d'alcool (TCA)
- 8.6 % des hommes et 1.7 % des femmes dans le monde souffre d'AUD.
- L'AUD contribue à 10 à 20 % des admissions en unité de soins intensifs et entraîne des séjours plus longs en unité de soins intensifs.
- Syndrome de sevrage alcoolique (SSA) est une préoccupation majeure, les cas graves nécessitant une surveillance et un traitement intensifs.
2. Trouble lié à l'usage d'opioïdes (TUO)
- 6.7 à 7.6 millions d'adultes américains sont actuellement concernés.
- Les défis des soins intensifs incluent la gestion surdosage aigu d'opioïdes, contrôle de la douleur et sevrage.
- L’hyperalgésie induite par les opioïdes et la dépendance aux opioïdes après un séjour en USI sont des préoccupations majeures.
3. Le cannabis et les soins intensifs
- La consommation de cannabis a presque doublé au cours des dernières années 20.
- Les consommateurs chroniques de cannabis peuvent nécessiter des doses plus élevées de sédation et présenter des risques accrus de complications pulmonaires.
4. Sevrage de la nicotine en unité de soins intensifs
- 25 à 47 % des patients en USI sont des fumeurs actifs.
- Fumer augmente les risques de SDRA, complications postopératoires et délire en réanimation.
- Les symptômes de sevrage de la nicotine peuvent aggraver l’agitation en USI et nécessitent une gestion prudente.
5. Utilisation de stimulants et maladies graves
- La consommation de cocaïne et de méthamphétamine augmente le risque de infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, et les admissions aux soins intensifs.
- Les patients peuvent présenter agitation aiguë, hallucinations et instabilité cardiovasculaire.
Décomposer le tout : la vue d'ensemble
- Patients atteints de troubles liés à l'usage de substances nécessitent davantage de ressources en soins intensifs, y compris la sédation, la ventilation mécanique et le soutien hémodynamique.
- Un sevrage non traité peut entraîner des conséquences pires et des séjours prolongés en unité de soins intensifs.
- Les stratégies multimodales de gestion de la douleur sont essentielles chez les patients tolérants aux opioïdes pour prévenir la sédation excessive et l’hyperalgésie induite par les opioïdes.
- Intervention précoce des spécialistes en toxicomanie peut améliorer les résultats à long terme.
Recommandations clés pour la pratique clinique
- Dépister les troubles liés à l’usage de substances de manière précoce Lors des admissions aux soins intensifs, de nombreux patients peuvent ne pas divulguer leurs antécédents médicaux.
- Gérer le sevrage alcoolique de manière agressive avec un traitement basé sur les symptômes (échelle CIWA-Ar) et envisager la dexmédétomidine ou la kétamine chez les patients résistants aux benzodiazépines.
- Utiliser une gestion multimodale de la douleur (anesthésie régionale, AINS, paracétamol) pour réduire la consommation d'opioïdes et surveiller les patients sous ventilation mécanique pour détecter le sevrage aux opioïdes, en particulier s’ils ont reçu des perfusions à long terme.
- Soyez conscient des effets liés au cannabis, tels que des besoins accrus en sédation et des complications pulmonaires, et éviter l’arrêt brutal des thérapies agonistes opioïdes (buprénorphine, méthadone) chez les patients atteints de TUO.
- Aborder le sevrage nicotinique de manière proactive pour réduire l’agitation dans les unités de soins intensifs, améliorer la synchronisation des ventilateurs et assurer un suivi approprié avec les services de toxicomanie à la sortie afin de réduire les réadmissions à l’hôpital.
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Références: Piland R, Jenkins RJ, Darwish D, Kram B, Karamchandani K. Troubles liés à l'usage de substances chez les patients gravement malades : une revue narrative. Anesthétique Analg. 2025;140(3):604-615.